Œcuménisme : le point avec sa Sainteté le Catholicos Aram 1er
Sa sainteté Aram 1er : Catholicos de l’Eglise Apostolique Arménienne
Sa Sainteté Aram 1er, Catholicos de la Grande Maison de Cilicie – autrement dit, le pape de la diaspora apostolique arménienne – et président du comité central du Conseil Œcuménique des Eglises, a donné une conférence lundi 27 janvier 2014 au New Eastern Seminary of Theology (NEST), ayant pour sujet : « Quarante ans d’œcuménisme au Proche-Orient, que reste-t-il à faire ? ». Homme à la stature impressionnante, maîtrisant l’anglais et le français aussi bien que sa langue natale l’arabe, Aram 1er s’était donné pour but de faire dans un premier temps le point sur le dialogue œcuménique et d’ouvrir dans un second temps quelques perspectives pour un renouveau du dialogue au Proche-Orient.
Passer d’un œcuménisme de salon à un œcuménisme de terrain
Si le 20e siècle a été le siècle de l’œcuménisme, que dira-t-on du 21e ? La seconde moitié du 20e siècle a été profondément marquée, dans le sillage du concile de Vatican II, par la découverte puis l’approfondissement du dialogue œcuménique, même si au proche-orient l’œcuménisme n’en était pas à ses débuts. Il a permis de prendre conscience de l’immense étendue des points communs et de faire le tour des différences ecclésiologiques, d’en relever souvent le caractère irréductible ; le dialogue a donné lieu à une production théologique abondante au point de situer l’œcuménisme au rang des domaines théologiques. La science œcuménique a posé les bases d’un travail reconnu par tous comme mouvement irréversible de l’Esprit Saint. « L’Unité n’est pas une option de la foi chrétienne, elle en est le fondement même ! » a rappelé Aram 1er dans cette première partie.
Mais l’entrée dans le 21e a manifesté des mutations profondes au sein des sociétés humaines. Fruit de la globalisation de la culture, ces mutations ne sont pas sans incidence sur les défis de l’Eglise aujourd’hui. Mais force est de constater que les grandes convictions professées par les pionniers du mouvement œcuménique n’ont pas produit l’unité visible de l’Eglise. Il semble même que le mouvement connaisse aujourd’hui un certain essoufflement doublé d’un manque d’intérêt des jeunes générations. Il est temps de réagir et de réveiller le désir d’unité qui est dans l’ADN de chaque disciple du Christ !
De la conviction à la relation ou de la réflexion à l’action
Le dialogue œcuménique ne retrouvera un élan de vitalité qu’à certaines conditions. Le phénomène de globalisation tend à focaliser aujourd’hui sur la notion d’individu plus que sur celle de la communauté, sur le personnel, le local, plus que sur l’institutionnel et le général.
L’œcuménisme doit se nourrir de ces réalités et en tirer profit. Nos Eglises ont besoin de rencontres, de lier des amitiés, de favoriser la relation plus que de ressasser les mêmes et irréductibles points de fracture ! Une relation de qualité produit la confiance et la confiance génère la collaboration. Il faut que le dialogue s’incarne désormais dans un vivre et un faire ensemble, sinon il est à craindre qu’il périclite.
C’est par cette stimulante exhortation à reprendre autrement la quête de l’Unité chrétienne que sa Sainteté Aram 1er a achevé son allocution. Nous l’en remercions vivement !