TOI, moi et les autres… (Méditation du Psaume 38)

Ce psaume aux accents pathétiques est construit comme de nombreux autres (6, 22, 36, etc.) sur une triangulaire universelle évoquant tour à tour le rapport à DIEU, à SOI et aux AUTRES. Le psalmiste nous présente une page de sa vie particulièrement dramatique qui ne sera pas sans évoquer quelques-unes de la nôtre. Il a péché, sa vie est désormais consumée, comparée à un état de fin de vie, il s’avoue vaincu, confesse et espère…

TOI ! (3-7)

Au commencement DIEU… Comme pour le meilleur, quand le pire survient, Dieu doit bien y être pour quelque chose. Le pire serait qu’il n’y soit pour rien ! Le pire serait que règne sur l’univers un Dieu lointain, effacé, « ni responsable ni coupable » de ce qui nous arrive. Pour le psalmiste, pas question de laisser au diable la moindre chasse gardée. Pour le psalmiste, Dieu est souverain, c’est le Dieu de la vie et de la mort. C’est donc sa main (droite ou gauche ?) qui s’est abattue sur lui (v.3). Mais dans son accablement, il est convaincu que la main qui le frappe aujourd’hui peut demain le relever, le guérir et le consoler. Pour bien comprendre cette prière et la relation du psalmiste à son Dieu, il faut évoquer son rapport au mal et au péché.

Le péché et ses conséquences l’ont brisé (4-9). Il est atteint de plaies inguérissables dont rien ni personne ne pourra arrêter le processus de putréfaction. S’agit-il d’une maladie physique ou d’un état intérieur ? Difficile à dire… Les deux domaines sont-ils toujours aussi séparés ? Le pécheur écrasé s’effondre soudain. Le péché n’est pas un sentiment de culpabilité qui ronge la conscience. Le péché est une situation objective qui provoque rupture et mort. Le pécheur chargé de sa faute est renvoyé à Dieu et non à lui-même dans un monologue malsain et stérile. Dans le tunnel de la culpabilité nous sommes poussés vers la sortie. Ce chemin, c’est la repentance et tout au bout, la lumière, c’est le pardon !

Moi ! (8-11)

Meurtri au plus profond de son existence, le pécheur se tourne vers Celui qui le poursuit de sa colère. Tout en lui est malade. Au lieu de fuir, de nier l’évidence, il étale avec une précision impudique, l’état de délabrement dans lequel se trouve sa vie. Mais il fait aussi entendre la révolte qui sourd en son cœur (v.11). La seule ressource disponible est le rugissement d’une douleur aussi violente que son impuissante soif de vivre. Quand on a Dieu contre soi, que reste-il à faire ? Hurler dans un dernier soupir puis voir son regard s’éteindre (v.11) ?

Et les autres… (12-15)

Si, pour le moment, le secours ne semble pas pouvoir être puisé au-dedans de soi, ni même en Dieu, en tout cas il ne viendra pas de l’extérieur. Quand tout va bien on a beaucoup d’amis. Mais quand la vie bascule dans un divorce, un décès, un séjour en prison, les soutien, les amis disparaissent. Les gens murmurent, racontent, distillent avec délectation leurs explications du phénomène ! L’homme en souffrance se réfugie alors dans le silence, unique lieu où la repentance sincère peut s’exprimer (Ps 94.17). Il faut laisser la parole à Dieu. Le coupable n’est digne que dans le silence. Toute tentative de justification devant les hommes ou devant Dieu entraînerait une chaîne de condamnations. Il est bon d’attendre en silence le secours de l’Eternel (Lam 3.26).

Moi vers TOI (16-19)

Contre toute espérance le psalmiste espère en Dieu. A bout de souffle, il avoue sa faute (v.19). Rassemblant ses dernières forces, il se jette dans les bras de Dieu dans un acte de repentance d’une grande beauté. Se repentir, c’est s’avouer vaincu ; c’est dépendre soudain du bon vouloir de celui que l’on a offensé ; c’est s’abandonner totalement à la miséricorde divine.

Ce psaume 38 ne raconte pas l’expérience de la délivrance, seulement l’acte de repentance et toute l’espérance qui s’y attache. Il s’achève sur cet appel au secours : « A mon secours ! Vite ! Seigneur, toi mon salut » (v.23).

Certaines pages de la Bible restent ainsi inachevées pour que nous écrivions nous-mêmes la suite. Il est possible que nos vies aient besoin un jour de sortir de prison. Ce psaume nous donne les clés : confesse ta faute, appelle au secours, puis fais silence. Dieu ne tardera pas. Amen !

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