Culte du dimanche 10 octobre. Sommes-nous la brebis ou la drachme perdues?
Lecture biblique : Luc 15
1Les collecteurs d’impôts et les pécheurs s’approchaient tous de Jésus pour l’écouter.
2Les pharisiens et les spécialistes des Écritures critiquaient Jésus en disant : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! »
3Jésus leur dit alors cette parabole :
4« Si quelqu’un parmi vous possède cent moutons et qu’il perde l’un d’entre eux, ne laissera-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans leur pâturage pour partir à la recherche de celui qui est perdu jusqu’à ce qu’il le retrouve ?
5Et quand il l’a retrouvé, il est tout heureux : il met le mouton sur ses épaules,
6il rentre chez lui, puis il appelle ses amis et ses voisins et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé mon mouton, celui qui était perdu !”
7De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui change de vie que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’en ont pas besoin.
La pièce d’argent perdue et retrouvée
8Ou bien, si une femme possède dix pièces d’argent et qu’elle en perde une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
9Et quand elle l’a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
10De même, je vous le dis, il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui commence une vie nouvelle. »
Le père et les fils perdus et retrouvés
11Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.
12Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de notre fortune qui doit me revenir.” Alors le père partagea ses biens entre ses deux fils.
13Peu de jours après, le plus jeune fils vendit sa part de la propriété et partit avec son argent pour un pays éloigné. Là, il vécut dans le désordre et gaspilla ainsi tout ce qu’il possédait.
14Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à manquer du nécessaire.
15Il se mit donc au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les cochons.
16Il aurait bien voulu se nourrir des fruits du caroubier que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait.
17Alors, il se mit à réfléchir sur sa situation et se dit : “Tous les employés de mon père ont du pain en abondance, tandis que moi, ici, je meurs de faim !
18Je veux repartir chez mon père et je lui dirai : Père, j’ai péché contre Dieu et contre toi,
19je ne suis plus digne que tu m’appelles ton fils. Traite-moi donc comme l’un de tes employés.”
20Et il repartit chez son père.
Tandis qu’il était encore assez loin de la maison, son père le vit et il fut bouleversé : il courut à sa rencontre, le serra contre lui et l’embrassa longuement.
21Le fils lui dit alors : “Père, j’ai péché contre Dieu et contre toi, je ne suis plus digne que tu m’appelles ton fils…”
22Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus bel habit et mettez-le-lui ; passez-lui une bague au doigt et des chaussures aux pieds.
23Amenez le veau bien gras et tuez-le ; nous allons faire un festin et nous réjouir,
24car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et je l’ai retrouvé.” Et ils commencèrent à faire la fête.
25Pendant ce temps, le fils aîné de cet homme était aux champs. À son retour, quand il approcha de la maison, il entendit un bruit de musique et de danses.
26Il appela un des serviteurs et lui demanda ce qui se passait.
27Le serviteur lui répondit : “Ton frère est revenu, et ton père a fait tuer le veau bien gras, parce qu’il a retrouvé son fils en bonne santé.”
28Le fils aîné se mit alors en colère et refusait d’entrer dans la maison. Son père sortit pour le supplier d’entrer.
29Mais le fils répondit à son père : “Écoute, il y a tant d’années que je te sers sans avoir jamais désobéi à l’un de tes ordres. Pourtant, tu ne m’as jamais donné même un chevreau pour que je fasse la fête avec mes amis.
30Mais quand ton fils que voilà revient, lui qui a dépensé entièrement ta fortune avec des prostituées, pour lui tu fais tuer le veau bien gras !”
31Le père lui dit : “Mon enfant, toi tu es toujours avec moi, et tout ce que je possède est à toi.
32Mais nous devions faire une fête et nous réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voilà retrouvé !” »
Prédication
Le chapitre 15 de Luc est constitué entièrement des paraboles sur quelque chose de perdu, une brebis, une drachme, un fils. Jésus pose la question : « lequel d’entre vous ? », on croit toujours la réponse évidente. Mais nous connaissons trop ces textes, nous ne les écoutons plus. La parole de Dieu reste une parole choquante pour nous, principalement dans les deux petites paraboles de la brebis et de la drachme perdus.
Frères et sœurs, « lequel d’entre nous… ? ». Lequel d’entre nous s’il avait 99 brebis au milieu du désert, les abandonnerait pour en retrouver, peut-être, une centième et ensuite rentrerait avec elle seule à la maison, faire la fête avec ses amis, pendant que les 99 autres seraient toujours ensemble, ou peut-être dispersées maintenant, dans un désert où la nuit commencerait à tomber, où les dangers les menaceraient….. ?
Ou bien encore : lequel d’entre vous, s’il avait sur la table les revenus de la moitié de son mois, rechercherait en remuant toute la maison ceux d’une journée de travail pendant que la poussière qu’il tâcherait d’enlever de ceux-ci recouvrirait ceux-là, à moins que quelqu’un, passant par là, ne se soit servi, à voir tous ces billets abandonnés sur la table ?
Lequel d’entre nous serait fou à ce point ? L’êtes-vous ? Qui d’entre nous laisserait le fruit pourrir dans l’arbre en recherchant le fruit qui est tombé à côté du panier.
Bien sur les pharisiens et les scribes ne font pas comme ça, bien sur frères et sœurs nous ne faisons pas comme-ça.
Notre logique habituelle, quotidienne, est toute différente : gardons bien ce que nous n’avons pas perdu, empêchons ce que nous avons encore de se perdre, et même faisons-le fructifier et se multiplier si nous le pouvons. Bon berger que celui qui ne perd pas ses bêtes.
Mais Dieu n’est pas un bon berger, Dieu n’est pas une bonne maitresse de maison. Dieu est un mauvais gestionnaire : il perd ce qui lui est confié, et puis il part le rechercher en abandonnant le reste. Et ceci est un scandale et une double mauvaise nouvelle ! Cela ne correspond à rien de ce que nous pensons à propos de Dieu, lui qui a créé le monde et qui le maintient par sa providence. C’est bien une mauvaise nouvelle, si Dieu est comme le berger ou la femme de la parabole, je ne peux pas compter sur lui, il va me laisser tomber pour courir après des chimères, pour aller récupérer untel ou unetelle qui sont perdus de toute façon, irrécupérable, et moi, en attendant, il m’abandonne bel et bien. Ce Dieu là, moi qui suis une brebis du troupeau, moi qui suis un trésor sur la table, ce Dieu là ne me sert à rien.
N’est-ce pas ce que reproche le fils aîné au père de la parabole et il lui dit en substance : pendant tout le temps où j’étais avec toi, tu ne m’as servi à rien ! N’est-ce pas ce que les juifs reprocheront finalement à Jésus mourant sur la croix ? Contre les Romains et contre la mort, ce Jésus de Nazareth ne nous a servi à rien.
Mais renversons la question : si le berger, si la femme ne s’occupent plus des 99 brebis ou des 9 drachmes, n’est ce pas plutôt parce que ce sont ces 9 ou ces 99 qui ne servent à rien ? Si Dieu ne part pas à ma recherche, moi qui ne suis pas perdu, n’est-ce pas parce que je ne lui sers à rien ? Si Dieu et moi ne nous servons mutuellement à rien, n’est-ce pas que l’un de nous deux n’est pas au bon endroit, dans le bon positionnement par rapport à l’autre ? Et qui suis-je pour dire à Dieu que c’est lui qui s’est trompé ? Non bien sur c’est moi.
Mais peut-être ai-je mal lu la parabole ? Je veux dire : peut-être que je ne suis pas sur la table ou dans le désert. Une autre possibilité existe, qui dit bien une bonne nouvelle. C’est si je suis moi, moi, la brebis perdue, si je suis, moi, la drachme perdue. Mais les scribes et les pharisiens n’ont jamais pensé ça d’eux-mêmes. Ils n’ont donc pas entendu Jésus leur parler de l’amour de Dieu pour eux, ils ne se sont pas vus au bon endroit dans la parabole, ils ont cru entendre Jésus dire que Dieu les abandonnait.
Et nous…Pharisiens ou pécheurs ? Serons-nous, sommes-nous une cause de joie pour les anges dans le ciel ? Nous, nous pensons être justes ou bien nous pensons à d’autres moments, être trop pécheurs pour que Dieu s’intéresse à nous. Dans les deux cas c’est de l’orgueil. Dans les deux cas, nous prétendons pouvoir dire à Dieu ce qu’il doit faire, nous le proclamons tout puissant pour le faire servir à notre gloire, en positif ou en négatif. Le plus grand des justes, ou le plus grand des pécheurs, mais surtout le plus grand : tel je veux être, et que Dieu le sache !
Mais Dieu s’en moque. « Le plus grand », il ne sait pas ce que ça veut dire, même pour lui-même. La parabole nous invite seulement à nous reconnaître dans la brebis perdue et retrouvée, dans la drachme perdue et retrouvée. Et c’est une bonne nouvelle. Car finalement c’est vrai : je me perds sans cesse, ou bien je me laisse recouvrir et cacher par la poussière. Et sans cesse, les anges se réjouissent à mon sujet, car Dieu est parti à ma recherche, et il m’a ramené, et il crie sur les toits que je compte à ses yeux, et qu’il perdrait tout plutôt que de me perdre.
Et il a tout perdu plutôt que de me perdre. Pour moi, pour vous, mais aussi pour notre petite Eglise, il a donné sa vie, il a abdiqué sa toute puissance, il s’est plus petit et plus perdu que moi pour que la petitesse et la perdition ne puissent plus me retenir loin de lui. Dieu m’aime, et cela me suffit. Dieu nous aime, petit troupeau égaré, et c’est bien.
Amen
Brice Deymié