Augmente en nous la foi – Luc 17, 5-7
Comme nous le ressemblons, à ces disciples, qui demande à Jésus, “Augmente en nous la foi” La foi, ils l’ont déjà, mais elle est si fragile. Ils sont si incertains, ils hésitent, ils doutent, ils tâtonnent. Leur foi, ils la voudraient grande, forte, abondante, mesurable, mais, on n’a pas la foi, comment on détient un portefeuille ! A leur prière, Jésus ne répond pas par des recettes. Il détourne leur attention vers ce qu’il y a de plus petit. Un grain de moutarde, une semence minuscule. Pensez donc, il en faut 700 pour en faire un gramme. Et, ce petit rien, insignifiant, il l’oppose à un arbre géant. Comme pour dire : arrêtez de vouloir quantifier la foi. Elle ne se mesure pas. Elle n’est ni grande, ni petite… si c’était ça la foi, elle ne serait plus qu’un objet, qu’on peut avoir ou ne pas avoir, posséder ou perdre ! Alors que CROIRE, ce n’est rien d’autre, comme disait quelqu’un, que VOULOIR-CROIRE ! Croire c’est un choix pour Dieu. C’est une relation vivante et personnelle avec le Christ. C’est sa présence agissante dans nos vies. L’image paradoxale que Jésus utilise ici, nous renvoie, en fait, à une disproportion flagrante : celle de notre lourdeur humaine et de notre petitesse d’homme, face à l’énergie divine, capable de transfigurer toute chose. La foi présentée ici, est comme ce petit rien insaisissable, mais dont les effets sont sans mesure. Une foi, qui est un don de Dieu, et qui peut soulever des montagnes ! dit Jésus. C’est une foi qui ne se vit pas dans des idées abstraites, ni dans la récitation de prières, mais dans l’élan de tout l’être vers le Dieu vivant, sur le chemin de son évangile. C’est, en fait, une confiance toute simple, comme le disait Roger Schutz de Taizé, en un Dieu de gratuité, qui ne regarde pas notre compte en banque, ni notre manière d’être habillé, mais qui scrute le fond de notre cœur, pour y éveiller la soif d’aimer, comme lui, pour nous soutenir dans nos efforts de paix et de justice. C’est une foi, dit Jésus, qui rend capable de soulever les montagnes de nos peurs, de nos égoïsmes, de nos paresses, de notre autosuffisance. C’est une foi qui donne le courage de ne pas baisser les bras devant les crises actuelles de notre monde, celle de la société, de l’église, de la famille, de l’école, du chômage, du mal-être des jeunes, de la sauvegarde de la création. C’est une foi qui se reçoit comme un cadeau, un cadeau qui ne peut venir que de Celui, qui à travers sa propre vie, parmi nous, l’a manifestée comme étant une force, qui donne le courage d’aller à contre-courant des modes et des manières stéréotypées, que le monde nous impose. Plutôt que par des gestes spectaculaires, pour épater la galerie, cette foi se nourrit du souffle d’hommes et de femmes debouts, car habités d’une Présence infinie. Louis Évely disait, “ce n’est pas nous qui avons la foi, c’est elle qui nous a… elle se propose, nous résistons où nous nous ouvrons, mais nous ne pouvons jamais la traiter comme une chose acquise, comme une propriété dont nous disposons. Elle nous tient élevé vers Dieu dans l’attente, l’espérance et l’accueil de ce qu’il nous offre”. Vous le voyez, chers amis, on ne devrait pas dire, “j’ai la foi” mais tout simplement “je crois” ou “je voudrais croire” en sachant que cela nous oblige à être en mouvement, en recherche, comme lorsqu’on s’engage dans une relation vivante avec quelqu’un, avec ses hauts et ses bas, puisque une relation, ça se développe ou ça régresse, ça se modifie et évolue, ça passe par des périodes heureuses et des moments de crises. Si j’avais à résumer ce que je viens de dire, je crois que cela se trouve de belle manière dans une prière très connue, de St Anselme de Canterbury, lorsqu’il exprime ainsi son chemin de foi : “Seigneur, permets-moi de voir ta lumière. Montre-toi à celui qui te cherche. Que je te cherche, en te désirant. Que je te trouve, en t’aimant. Je désire connaître autant que possible ta vérité que croit et aime mon cœur. Mais je ne puis comprendre pour croire, alors je crois Seigneur, pour comprendre. Enseigne-moi ta sagesse et garde mes pas dans tes sentiers.”