Qui habite chez toi ? (Méditation de Matthieu 12.33-50)
L’ensemble 12.33-50, proposé aujourd’hui témoigne d’un durcissement, d’une tension grandissante entre Jésus et les chefs religieux. Ces derniers viennent de l’accuser de chasser les démons par la puissance de Belzébul (22-32)…
Il s’en suit un enchaînement de trois scènes qui explicite la tension initiale :
- la première annonce de la mort du Seigneur Jésus (le signe de Jonas ; 39-41)
- l’histoire d’un démoniaque libéré, puis réinvestit 7 fois plus violemment (43-45),
- enfin l’affirmation que la famille ne peut revendiquer le pouvoir absolu sur une vie (« qui est ma mère ? » v.46-50)
Mais pour comprendre le sens de ces passages, il faut remonter à l’enseignement général de Jésus à propos des bons et des mauvais arbres (vs.33-37)
Des mots qui tuent et d’autres qui font vivre
Avez-vous remarqué que les bons et les mauvais fruits ne sont pas ici les bonnes œuvres, le bien et le mal que nous pouvons faire ? Rien de moralisateur dans l’enseignement de Jésus. Les fruits, ce sont les paroles que nous prononçons : « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (v.34). C’est précisément ce que nous cherchons à affaiblir en usant de cette pitoyable excuse : désolé, mes paroles ont dépassé mes pensées. Pour Jésus, il ne fait aucun doute que nos paroles traduisent et trahissent toujours nos pensées.
Le bon fruit, c’est la parole qui donne du sens, qui construit, qui relève, qui pardonne ; bref, la parole qui fait vivre. Le mauvais fruit, c’est la parole qui insinue le doute, qui détruit la confiance, qui enferme. Jésus attire donc l’attention sur la puissance de nos paroles. De la même bouche sortent bénédiction et malédiction (épître de Jacques 3.10). Nos paroles ont le pouvoir de faire vivre et de faire mourir.
Un petit miracle ?
C’est immédiatement à la suite de cet enseignement majeur sur la puissance des mots que les pharisiens demandent à Jésus un signe. Ils aimeraient y voir plus clair à propos de l’identité du rabbin. Est-il celui qui doit venir ? Ne pourrait-il pas en donner une preuve indiscutable en réalisant un petit miracle ?
Alors que Jésus vient de dire qu’il faut produire des fruits de parole, les pharisiens demandent un miracle, un fruit “tape à l’œil” !
Devant un miracle il est facile de rester spectateur, devant une parole jamais ! La parole produit toujours un effet de déplacement sur celui qui la reçoit. Ou il s’ouvre ou il se ferme. Les miracles, eux, produisent de l’émerveillement, des questions, des débats… Les miracles font le buzz, mais ils n’ont aucun pouvoir de conversion sur nous (au sens d’impact qui nous déplace). La parole au contraire nous travaille de l’intérieur nous poussant à prendre position.
Jésus répond donc aux pharisiens qu’il ne leur sera donné d’autre signe que le signe de Jonas (v.39). Trois jours et trois nuits dans la mort. Trois jours et trois nuits et l’essentiel du message de Dieu à notre monde sera dit. Jésus s’identifie au plongeon de Jonas dans la mort. Il n’est pas même question de résurrection ici (comme dans les annonces classiques de la passion), seulement de l’engloutissement dans la mort.
La réponse de Jésus aux pharisiens est très virulente : Vous vouliez un signe, vous l’avez ! Vous pensiez vous en tirer en restant à distance, sans mot dire, en jugeant de loin sans jamais prendre le moindre risque, sans jamais vous mettre en cause vous-mêmes, et bien sachez qu’il va y avoir du sang ! Vous valez moins que ces païens de Ninivites qui ont su ouvrir leur cœur à l’appel de Dieu et changer de vie. »
Ce n’est pas le péché qui est grave (il peut être pardonné), c’est cette perversité qui consiste à l’ériger en son contraire ! Autrement dit : « Votre arbre est pourri ! »
C’est démoniaque !
Viens ensuite cette horrible histoire de démon expulsé qui revient à la charge sept fois plus fort occuper la personne. Brrrr !
Sept démons, cela veut dire une prise de possession absolue, une annexion totale de la personne ; le chiffre sept dans la Bible symbolisant la totalité.
Que signifie cette histoire ? Elle dit que l’homme n’est jamais tout à fait seul maître à bord de sa propre existence. Dans la présence de Jésus, à l’écoute de la parole du Seigneur les démons s’enfuient. Ils désertent la place (43). Ils laissent la maison vide, propre et prête à accueillir quelqu’un (v.44). L’homme est placé devant un choix essentiel et fondateur de la vie qu’il va vouloir mener. Qui laissera-t-il entrer dans sa vie maintenant que la place est libre ? Choisira-t-il d’accueillir l’Esprit de Dieu ou choisira-t-il l’illusion de l’indépendance ?
Quand l’esprit impur revient, il investit totalement la vie de la personne manifestant une exigence absolue, revendiquant l’autorité suprême sur la vie de la personne.
Loin des conflits de loyauté
« Choisis la vie afin que tu vives », écrit le livre du Deutéronome (30.19). Choisis le Seigneur Jésus-Christ tant qu’il est temps et que sa parole se fait entendre ! Dès lors que les portes de ta vie s’ouvrent à l’Esprit Saint, les forces d’occupation maléfiques ne peuvent plus jamais revenir.
Ce passage nous amène à considérer la valeur immense de la parole. Celle du Christ, fondatrice de la vie nouvelle ; et la nôtre, détentrice du pouvoir de confesser le nom du Seigneur et celui de le rejeter.
Que nos paroles soient pleines de saveur de vie et d’amour pour ceux qui nous entourent ! Loin des conflits de loyauté (démons, famille, ou tout autre lien), laissons-nous habiter par la présence vivifiante du Saint-Esprit. C’est lui qui placera alors dans nos bouches les paroles qui font vivre. Amen !
“Toutes nos paroles viennent de nos cœurs. Viens purifiez nos cœurs Saint-Esprit. Mets sur nos bouches paroles belles, douces et saintes. Qu’elles soient dignes de ton nom Seigneur Jésus-Christ. Amen” Rina
“Merci Seigneur de nous rappeler l’importance et le danger des mots sortants de nos bouches. Enseigne-nous Seigneur à bien savoir contrôler nos paroles ; qu’elles soient paroles de louange, de grâce, d’amour et de vérité. Amen.” Hanitra
“Jésus,Toi qui a le pouvoir de me racheter, de me purifier, de me libérer par ton sang précieux, c’est à Toi que je m’ accroche pour empêcher les intrus de posséder ta place dans ma vie. Remplis-moi Seigneur, prends possession de ceux qui t’appartiennent et je deviendrai un évangile vivant. Mes paroles seront alors de bons fruits porteur d’amour et de paix, une source de vie pour ceux qui sont lassés, un encens pour mes frères et sœurs, une louange à ta gloire Seigneur. Amen. Tiana”