Paroles pour un cèdre
Psaume 29
1Psaume. De David. Fils des dieux, donnez au SEIGNEUR (YHWH), donnez au SEIGNEUR gloire et puissance !
2Donnez au SEIGNEUR la gloire de son nom ! Prosternez-vous devant le SEIGNEUR quand éclate sa sainteté !
D’après les spécialistes, ce psaume 29 serait peut-être le plus ancien du psautier. Sa forme originelle serait celle d’un chant cananéen conservé au moment des conquêtes et hébraïsé par la suite à grand renfort de nom de Dieu (18 emplois de YHWH !). La panique devant les éléments déchainés (v.3 ; 10), la peur de l’inconnu, l’angoisse du désert (v.8), ont toujours porté l’homme à l’invocation du Dieu Tout-puissant. Mais, pour Israël, cette prière est l’occasion de développer une vision différente de Dieu. Il n’est pas seulement le Dieu terrible dont la voix épouvante ; il est aussi et ultimement le Dieu qui remplit les hommes d’une force spéciale qui se nomme la paix (v.11).
Sept coups de tonnerre pour dire Dieu
Toutes les religions nichent la divinité dans la super puissance, dans le tonnerre. Magnifier la puissance divine, la nommer, n’est-ce pas déjà un peu la dédramatiser, la domestiquer ? C’est ainsi qu’au fil des siècles, plus la science a déchiffré le réel et plus le culte païen, comme rempart à la peur (et instrumentalisation du divin à des fins sanitaire, économique ou politique) a perdu de son influence.
On peut saluer la longanimité d’Israël qui, en publiant cette prière d’origine païenne, valorise la recherche de Dieu par tous les peuples. Il est intéressant aussi de s’interroger : en quoi le Dieu d’Israël se distingue-t-il de l’approche commune ?
Les sept coups de tonnerre (traduits ici par « la voix du Seigneur »), ne sont plus pour lui des manifestations de puissance brute inspirant effroi et distance. La voix de YHWH révèle une présence et un salut. Le Dieu d’Israël est le Dieu de l’histoire dont la voix retentit sur les eaux (allusion au déluge et à la sortie d’Egypte ?). Cependant la tentation restera grande de réduire YHWH à une divinité païenne, c’est-à-dire à un « dieu pour soi », un dieu domestiqué à force d’invocations : « Seigneur, Seigneur !» (Mat.7.21).
Sept paroles pour dire la grâce de Dieu
Comment se fait entendre la voix de Dieu dans le monde aujourd’hui ? Par celle du Seigneur Jésus-Christ. C’est la voix capable de transporter les montagnes d’incrédulité et d’égocentrisme qui obscurcissent ma vision du monde. C’est la voix qui apaise les tempêtes les plus dévastatrices de ma vie intérieure. Ce sont enfin les sept paroles prononcées sur la croix : « Père pardonne-leur ; tu seras avec moi dans le paradis ; voici ton fils, voici ta mère ; mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? J’ai soif ; tout est achevé ; Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Sept paroles qui me dévoilent la toute-puissance de Dieu. Elles forment le socle de ma nouvelle identité dont les marques essentielles seront le pardon, la foi, le doute, l’expérience du manque, la fraternité et l’abandon à Dieu.
Que les cèdres du Liban battent des mains !
Pauvres cèdres du Liban, fracassés par la foudre céleste (v.5) ! Et leur forêt, dépouillée de leur gloire légendaire (v.9) ! Pauvre Liban qui pleure aujourd’hui bien lus que sa gloire d’antan. Liban privé de paix intérieure, rongé par l’angoisse de voir basculer sa fragile réalité dans le chaos syro-iraquien. Un Liban où pourtant, femmes et hommes de bonne volonté, chrétiens et musulmans, cherchent ensemble à fabriquer la paix promise au dernier verset du psaume. « Le SEIGNEUR bénira son peuple par la paix. » (v.11). La paix : puissance dont le fruit est pour le peuple de Dieu et donc pour ses voisins !
Puisqu’il y a là une promesse, eh bien, que les cèdres du Liban commencent à battre des mains ! Qu’ils acclament le Seigneur de la paix. Il vient, aussi sûr que vient le matin.