Méditation Mathieu 24, 37-24
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé. A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme. Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre est laissé. Deux femmes seront au moulin : l’une est prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra. Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ».
Pour bien comprendre, remettons ce petit passage d’évangile dans son contexte. Nous sommes à Jérusalem, dans les dernières semaines avant l’arrestation de Jésus, la contestation se fait de plus en plus âpre. Jésus vient de sortir du Temple, ses disciples lui font remarquer la splendeur de cet édifice, qui n’est d’ailleurs pas encore terminé, mais qui déjà fait la fierté de tout le peuple. Jésus leur répond de manière brève : de tout cela il ne restera pas pierre sur pierre. D’où l’interrogation des disciples, quelques minutes plus tard, lorsqu’ils se retrouvent seuls avec lui au mont des Oliviers : « Dis-nous, quand cela arrivera, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ? » Bizarre, cette manière de lier, dans leur interrogation, en même temps que la destruction d’un monument célèbre, l’idée de l’avènement de Jésus et la perspective de la fin du monde ! De quelle sorte d’avènement s’agit-il ? Et pourquoi envisager, en cette occasion, avènement du Christ et fin du monde ? Pour bien comprendre de quoi il s’agit, il,faut se rappeler que le peuple juif de l’époque vivait depuis des générations dans l’attente d’un messie, et que les disciples partageaient la même attente. Simplement, pour eux, le messie attendu leur était connu : ils pensaient que c’était Jésus. Mais, comme l’ensemble de la population, ils mettaient sous cette personne du messie toute leur espérance humaine, terrestre, politique. Jésus n’avait-il pas, dès le début, prêché l’avènement du Royaume de Dieu. Un Royaume qu’ils imaginaient comme une révolution nationaliste, et en particulier comme le jour de l’indépendance : terminée l’occupation romaine, si dure et si pesante ! Ce serait alors l’avènement – la venue comme roi, du Roi-Messie, Jésus. Dans leur esprit, il s’agirait d’un extraordinaire bouleversement. La fin d’un monde et la naissance d’un monde nouveau. Lorsque Matthieu écrit son évangile, nous sommes une cinquantaine d’années après la mort et la résurrection du Christ. Pendant ces cinquante ans, les disciples de Jésus ont attendu l’avènement tant espéré de Jésus, et rien ne s’est produit. Au début, l’attente était très vive, et l’on pensait la venue du Roi-Messie comme imminente. Jérusalem et le Temple ont été totalement détruits en 70, mais ce qui devait en être la conséquence logique, dans l’esprit de la première génération, l’avènement de Jésus et le monde nouveau qu’il devait instaurer ne se sont pas produits. Matthieu adresse son évangile aux chrétiens qui ont fui, en Syrie, puis sont venus s’installer à Antioche, le plus grand port de la Méditerranée. Eux aussi continuent à se demander, comme les disciples contemporains de Jésus, quand leur espérance se réalisera. Il y a eu déjà la destruction du Temple. Quand donc se produira la suite tant attendue, l’avènement du Christ et la fin du monde actuel ? D’où le petit passage d’évangile que nous venons de lire. Jésus ne s’adresse pas seulement aux disciples de l’année 30, mais aussi à ceux d’Antioche dans les années 80 et à nous aujourd’hui, en ce premier dimanche de l’Avent. Pas pour nous faire une révélation du jour de sa venue et de la fin du monde, mais pour nous recommander d’être, dans la conjoncture actuelle, des chrétiens vigilants, des hommes qui tiennent debout dans l’adversité. Confiants qu’un jour, le Seigneur reviendra. Mais en même temps ne cherchant pas à savoir quand ce sera. D’où la question à nous poser, en ce temps de l’Avent est la suivante : sommes-nous des gens qui vivent dans l’attente, dans l’espérance de Celui qui va venir ? La fin du monde, nous pensons, certes, que c’est une éventualité plausible. Mais quand ? Quant à la venue du Seigneur, sans doute que c’est souvent du bout des lèvres, sans trop y croire, que nous redisons dans notre Profession de Foi “Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts » En ce temps de l’Avent, où nous nous préparons à fêter Noël qu’en est-il de notre espérance de cette venue du Seigneur ? Le mot Avent, veut dire : avènement. De quel avènement s’agit-il ? Comment nous y préparer ? Jésus décrit cet événement comme subit, imprévisible, inattendu, surprenant, et il nous invite à nous tenir prêts. A être vigilants comme le maître de maison qui ne se laissera pas surprendre par l’irruption d’un voleur. L’ap Paul, de même, nous invite à ne pas nous laisser endormir. « L’heure est venue de sortir de votre sommeil. » Ne vous laissez pas endormir ! Tant de choses, aujourd’hui, sont faites pour nous anesthésier, à commencer par tout le buzz médiatique, “Black Friday” par exemple et tout ce qui nous fait courir sans réfléchir et nous endort à bon compte. Restez éveillés ! C’est-à-dire sachez en toutes circonstances garder votre esprit critique, votre liberté de penser, de choisir de décider. Il nous est arrivé à tous de rencontrer parfois un enfant qui pose tellement de questions, qui s’intéresse à tant de choses, qu’on se dit entre nous, adultes : « Qu’est-ce qu’il est éveillé, ce petit ! » Qu’il en soit de même de nous. Alors notre Avent sera le temps de l’attente, du désir, de cette préparation spirituelle qui nous fera crier “Maranatha », Oh oui, Seigneur Jésus, viens bientôt.”
Oui, l’Avent, c’est le temps du désir… celui de l’attente, joyeuse et confiante Le temps où nous nous efforçons de sortir de ce qui nous engourdis, de ce qui nous enferme dans l’obscurité.. pour nous mettre en éveil, à l’affût de Celui qui vient et rester sur le “qui-vive”! Car, quelqu’un se tient sur le seuil de la porte, il est prêt à entrer… Il a fait les premiers pas pour nous inviter au rendez-vous de la fête. Que l’amour de Dieu nous réveille de nos tiédeurs, qu’il nous conduise sur les chemins de la rencontre avec Dieu, en sorte que nos cœurs s’habillent aux couleurs de la fête, celle qui arrive à grands pas et qui nous fera goûter à la vraie joie de Noël.