Gais comme des pinsons et beaux comme des dieux ! (Méditation de Matthieu 6.25-34)
Matthieu 6.25-34 : “Ne vous mettez pas en souci”
Cette exhortation de Jésus est répétée trois fois versets 25, 31, 34. C’est le refrain de ce passage. Ne pas s’inquiéter pour soi-même ou pour son avenir, mais se préoccuper du Royaume de Dieu et de sa justice : tel est l’enseignement de cet extrait du sermon sur la Montagne.
« On est foutu, on mange trop ! »
Jésus nous dit que la vie sur terre ne se résume pas à une survie. A bien y regarder, manger, boire et s’habiller sont des gestes de survie et nous passons le plus clair de notre vie à combler ces manques.
En Occident on mange trop, on dépense des sommes énormes pour son confort. Au Sud on meurt de faim. Mais que l’on consomme trop ou pas assez, pour Jésus, manger, boire et s’habiller restent des gestes de survie.
Passer de la survie à la vie
La vie que Jésus enseigne est bien plus qu’une survie. Pour lui, vivre, c’est se préoccuper du Royaume de Dieu et de sa justice. Autrement dit, Jésus nous invite à une vie centrée sur les priorités du Royaume : La confiance en Dieu et l’amour du prochain.
La vie avec Christ nous offre la possibilité d’appeler Dieu « notre Père » (26.32). Quand on peut dire » notre Père » l’inquiétude se dissipe. On redevient confiant et paisible. On sait que l’on peut demander avec foi du pain quotidien à ce Père commun à tous les hommes et s’attendre paisiblement à sa grâce.
Les païens s’inquiètent. La peur de manquer guide leurs comportements et ils entassent les richesses, et des assurances vie. Le chrétien s’en remet au Père pour la vie et pour la mort.
Comment vivons-nous cette exhortation de Jésus à se décharger de tous vos soucis ?
Comme l’écrit Soeren Kierkegaard, Jésus nous invite ici à adopter « l’esprit d’abandon ». J’abandonne sans condition mon obsession de survie, mes angoisses d’aujourd’hui et de demain à ce Dieu Père qui prend soin de moi.
Attention si l’on ne s’abandonne qu’à moitié, ou le temps d’une prière seulement, les soucis vont vite reprendre le pouvoir dans notre vie. Les soucis reviendront plus forts, plus amers plus tyranniques qu’avant. Quand on s’abandonne sans condition à Dieu, quand nos soucis sont jetés hors de nos vies, il se fait tout à coup une grande place en nous… Et la joie s’invite pour occuper ce grand vide laissé par les inquiétudes. Quelles perspectives !
Gais comme des pinsons et beaux comme des dieux
Nous deviendrons alors gais comme des pinsons et beaux comme la nature au printemps. Dieu aime ce qui est fragile, inutile et superflu comme la fleur des champs, comme les petits oiseaux. Prenons exemple sur eux. Replaçons la joie et l’insouciance au cœur de nos vies chrétiennes !
Les discours catastrophistes, les menaces terroristes, les bruits de guerre, ne nous atteindrons plus de la même façon. Nous portons résolument nos regards sur ce qui est beau demeurant du côté de la confiance.
Chaque matin nous est donné comme une nouvelle chance de vivre dans la joie, de rechercher la justice et de partager le peu que nous avons avec les plus fragiles.
Entrons dans la joie du Royaume !