“Dis, quand reviendras-tu ?” (méditation du Psaume 101)
« Dis, quand reviendras-tu ? » Psaume 101, v.2
« Je vais chanter l’amour avec le droit et composer un psaume pour toi Seigneur ! Je vais progresser dans l’intégrité dès que tu viendras vers moi. Je me conduis avec un cœur intègre à l’intérieur de ma maison. » (v.2)
La force des malheureux et des puissants !
Ce psaume ressemble à une célébration à l’occasion de l’intronisation d’un roi. C’est un psaume royal. Pas nécessairement celui de David. On oublie trop souvent que les psaumes ont été écrits pour être chantés et non simplement lus dans l’assemblée des fidèles.
Le chant n’est pas seulement la force des malheureux. C’est aussi la joie des grands que de pouvoir placer, en chantant, leur mandat sous le regard de Dieu : «Je veux chanter l’amour et le droit” (v. 1).
Amour et justice : deux mots pour dire l’Alliance
Le roi chante car il sait bien ce qu’il a reçu. Deux mots suffisent à le dire : “Amour” et “Droit” : deux cadeaux qui donnent la feuille de route pour l’exercice de sa mission royale. L’amour, c’est la part de Dieu ; avec le souffle, il en fait cadeau aux hommes.
Le droit, la justice, c’est la mise en pratique de cet amour divin entre les hommes au sein de la société. C’est la part de l’homme. La base est maintenant posée pour un exercice juste et bon du pouvoir. Le reste du psaume n’est qu’un développement de ce motif, une feuille de route pour la mise en œuvre de l’amour et de la justice.
S’améliorer, c’est possible ?
Il ne reste plus au roi qu’à s’engager fermement dans l’alliance avec Dieu. Si cette décision peut être prise le temps d’une célébration, l’apprentissage de l’obéissance, la fidélité à Dieu s’approfondira tout au long d’une vie. “Je veux progresser dans la droiture” (v. 2)
En même temps il apparaît que ce désir de s’améliorer exprimé par le roi soit soumis à une condition : celle de la visite du Seigneur (littéralement « Quand entreras-tu vers moi ? » v.2). On ne peut que saluer la lucidité du roi. Sans la présence de Dieu à ses côtés, il échouera dans l’exercice de sa mission et dans son combat contre le mal (vs.3-5).
Bélial est un maître exigeant
Tout au long de notre vie, comme le roi du psaume, nous sommes appelés à approfondir dans nos cœurs ces appels à vivre dans la justice et l’amour du prochain. Cette fidélité ne se fera pas sans un combat sans répit contre le mal (v.3). Concrètement, cela signifie qu’il faut renoncer aux pratiques de “Bélial”. Ce terme Bélial (v.6) désigne probablement le culte des idoles. Plus largement il sert à dénoncer tout ce qui occupe une place illégitime dans notre vie spirituelle. Examinons nos cultes, les paroles et les chants qui y sont exprimés. Tout est-il amour et justice ?
Le fidèle ne s’attachera pas aux idoles. C’est la même expression qu’en Genèse 2 .24 : «L’homme s’attachera à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chair ». Pour dire que la force de l’amour et celle de la mort sont comparables (Cantique 8.6).
Pour ne pas tomber dans l’idolâtrie le fidèle choisit plutôt de fréquenter ses frères et sœurs plutôt que ceux qui ne connaissent pas Dieu : « J’ai les yeux sur les fidèles du pays pour qu’ils siègent à mes côtés » (v.6)
L’attente au creuset de l’histoire
De toute l’histoire d’Israël, aucun roi n’a jamais été fidèle jusqu’au bout. Tous d’une façon ou d’une autre ont succombé aux exigences de Bélial. David s’est attaché aux femmes plus qu’à Dieu, Salomon est retombé dans le culte aux idoles. Personne ne peut par lui-même parvenir à l’obéissance parfaite, pas même les meilleurs.
L’Ancien Testament nous vide de toute prétention à devenir juste devant Dieu par nous-mêmes. Jésus apparaît comme le Roi-nouveau qui par sa vie réconcilie l’amour et le droit. Il est le seul à pouvoir porter son regard sur les fidèles et sur les infidèles, à les aimer sans les juger ; à les appeler enfin à entrer dans le royaume.
Attention, il ne suffit pas de se dire chrétien. Il vaudrait mieux que les autres le disent de nous. La foi évangélique elle-même peut devenir infidèle. Quand elle se compare aux autres qu’elle se croit plus juste, plus fidèle, plus aimante, plus obéissante. La foi véritable doit porter ses regards sur le seul Seigneur Jésus-Christ. Lui le Roi humble, “tout fils qu’il était, a appris l’obéissance” (Hé 5.8). Il nous faut donc réapprendre chaque jour, comme lui, l’obéissance à Dieu.
Comme lui, nous sommes invités par ce psaume 101 à aimer et à obéir en chantant :
« Dis, quand reviendras-tu ? » (Titre d’une merveilleuse ballade de Barbara)
Pierre Lacoste