“C’est homme, c’est Lui !” (méditation 2 Sam 12)
La parabole du méchoui indigne, racontée par le prophète Nathan, qui fait monter David sur ses grands chevaux, ne peut être comprise qu’à la lumière de l’épisode précédent, célèbre autant qu’affligeant récit où le roi se rend coupable dans le même mouvement d’adultère et de meurtre. L’affaire David-Bethsabé (à lire impérativement sous peine ne pas comprendre grand chose à ce qui suit ; 2 Sam 11 et Psaume 51)
2 Samuel 12, 1-7
«1 Le SEIGNEUR envoya Nathan à David. Nathan vint à lui et lui dit : Il y avait dans une même ville deux hommes, l’un riche et l’autre pauvre.
2 Le riche avait du petit bétail et du gros bétail en très grande quantité.
3 Le pauvre n’avait rien qu’une petite brebis, qu’il avait achetée ; il la nourrissait, et elle grandissait chez lui avec ses fils ; elle mangeait de son pain, buvait dans sa coupe, couchait sur son sein. Elle était pour lui comme une fille.
4 Un voyageur arriva chez l’homme riche ; comme celui-ci voulait épargner son petit bétail et son gros bétail pour préparer un repas au voyageur qui était arrivé chez lui,
il prit la brebis du pauvre et l’apprêta pour l’homme qui était arrivé chez lui.
5 David se mit dans une grande colère contre cet homme ; il dit à Nathan : Par la vie du SEIGNEUR, l’homme qui a fait cela est un fils de la mort ! 6 Quant à la brebis, il la compensera au quadruple, puisqu’il a fait une chose pareille, qu’il n’a pas voulu l’épargner.
7 Alors Nathan dit à David : « Cet homme, c’est toi ! » (Traduction Œcuménique de la Bible)
La boîte à surprise
Les histoires de la bible sont un peu comme des boîtes dans lesquelles se trouvent d’autres boîtes et qu’on ne finit pas d’ouvrir et de découvrir.
Cette rencontre du prophète Nathan avec le roi David est l’une d’entre-elles. Dans la grosse boîte racontant les frasques d’un roi ayant vécu en Palestine il y a 3000 ans et dont, je dois l’avouer, je me fiche totalement, il y a une autre boîte dans laquelle se trouve racontée l’histoire d’une culpabilité enterrée, d’une faute commise et non réparée, d’une blessure qui saigne encore et que l’on traite par le mépris. La vieille histoire fatiguée devient, sans que j’y prête attention, le média d’une autre rencontre dont je suis le personnage principal. Dans cette boîte de Pandore, je découvre une troisième boîte qu’il faut que j’ouvre maintenant devant vous : nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises.
Cet homme, c’est toi !
Revenons à la première grosse boîte. David reprend le cours d’une vie royale normale. Un de ses officiers a été tué à la guerre, il a épousé sa veuve et adopté l’enfant qui n’a malheureusement pas survécu. David est un roi magnanime.
L’homme a cette capacité formidable d’enterrer ses problèmes, ses culpabilités dans cette arrière-boutique un peu nauséabonde et fermée à double tour que l’on nomme le passé. Une grâce peut-être (?) qui permet à l’homme de survivre à ses propres dérives en attendant…
Quant à Dieu, il a les yeux blessés par ce qu’il a vu (2 S 11.27). Il ne peut se résoudre à laisser l’histoire tomber dans l’oubli. Le sang de toutes les victimes du monde crient vers le ciel. Celui d’Abel comme celui d’Urie.
Pourtant ce n’est pas le feu qui tombe du ciel mais une conversation. Nathan (il a donné, en hébreu) est donné à David comme la parole est donnée au silence coupable.
Il lui raconte une histoire à faire sortir les mouchoirs ; c’est la version biblique de Bambi ! Une histoire de brebis cousue de laine blanche ; une histoire cousue main pour David.
Nathan sait que David est un ancien berger. Jeune homme, il risquait sa vie pour arracher une brebis à la menace des bêtes féroces (1 Sam 17.34-37). Aujourd’hui, ce sont les bêtes féroces qui le saluent. David, épris du jeune pasteur qu’il n’est plus, se révolte maintenant contre le salaud de riche qu’il est devenu : “Le Seigneur est vivant ! L’homme qui a fait cela est un fils de la mort ! ». (v.5). Le piège se referme. David, prenant Dieu à témoin en a lui-même activé le mécanisme. Nathan n’est pas son juge, il témoigne de ce qu’il vient d’entendre : “Cet homme, c’est toi !”
Cet homme, c’est moi !
Ce qui est étrange, c’est qu’au travers de cette vieille histoire d’affreux bonhomme adultère et meurtrier, certains, soudain, se sentent à l’étroit dans leur chaire et d’autres mal dans leur peau. Le mal n’est pas le problème des autres, c’est le mien.
Ce doigt pointé unanimement sur David se retourne maintenant contre moi. Ce n’est pas le doigt de Dieu, c’est le mien. « Oui, cet homme, c’est moi ! ». La parole de Dieu me travaille de l’intérieur ; elle me pousse vers la lumière. Dieu m’appelle, il ne m’accuse pas. En Christ, il ne juge ni ne condamne ; il vient, il me parle, il m’aime.
Cet homme, c’est lui !
Jésus vient s’assoir au banc des accusés et moi je sors libre du tribunal. “Homme, où sont tes accusateurs ?” Il devient l’homme de ma misère, le « Fils de la mort » ! Cet homme, c’est Lui !
Ma sœur, mon frère, si aujourd’hui tu te reconnais fille ou fils de la mort, le chemin qui mène à la vie est tout près de toi : Dieu a sans doute une histoire à te raconter pour te faire découvrir ton destin de fils ou fille du Dieu vivant. Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont unis à Christ. (Romains 8:1).