Méditation de Marc 10.13-16

Comment venir dans le Royaume de Dieu ?

“Ensuite, Jésus embrasse les enfants et il les bénit en posant les mains sur leur tête.” (Marc 10.16)

 

Esaïe 11.6-9 (Parole de vie)

6 Alors le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du cabri.

Le veau et le jeune lion mangeront ensemble. Un petit garçon les conduira.

7 La vache et l’ourse mangeront dans le même champ, leurs petits auront le même abri.  Le lion mangera de l’herbe sèche comme le bœuf.

8 Le bébé jouera sur le nid du serpent, et le petit garçon pourra mettre la main dans la cachette de la vipère.

9 Il n’y aura plus ni mal ni violence sur toute la montagne sainte du SEIGNEUR.

En effet, la connaissance du SEIGNEUR remplira le pays, comme l’eau remplit les mers.

Marc 10.13-16 (Parole de vie)

13 Des gens amènent des enfants à Jésus pour qu’il les touche. Mais les disciples leur font des reproches. 14 En voyant cela, Jésus se met en colère et il dit à ses disciples : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas. En effet, le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme les enfants. 15 Je vous le dis, c’est la vérité : si quelqu’un ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant, cette personne ne pourra jamais y entrer.» 16 Ensuite, Jésus embrasse les enfants et il les bénit en posant les mains sur leur tête.

Comme un enfant

Voilà encore l’une de ces belles chansons biblique. Le loup qui dort avec l’agneau, le serpent et le petit enfant qui jouent ensemble… Jésus embrassant et protégeant les enfants – alors que les enfants à cette époque n’ont aucune place dans la vie sociale et religieuse, c’est beau et émouvant. Chacun est libre d’accueillir ces images bibliques comme il le veut. Personnellement, je ne crois pas que ces récits ont pour vocation de nous attendrir et encore moins de venir enrichir notre galerie de jolies petites histoires.

Jésus n’est pas ce gentil animateur de colo qui aime les enfants. Dans ce même passage, il est surtout celui qui nous accueille, nous les grands, en posant une sorte de condition : « Si quelqu’un ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant, cette personne ne pourra jamais y entrer. »

L’enjeu est immense : entrer ou ne pas entrer dans le royaume de Dieu ! Il est donc essentiel de comprendre ce que Jésus veut dire par ce « comme un enfant » ; notre avenir et plus encore notre présent en dépendent.

Note sur le Royaume de Dieu (RDD)

Le Royaume de Dieu est souvent réduit (si j’ose dire !) à la vie éternelle, à l’au-delà de la vie. Il représente dans l’imaginaire collectif un état de béatification consommateur d’éternité. Mais ce Royaume de Dieu semble contenir dans les évangiles une dimension plus dynamique et engageante. La réponse de Jésus aux pharisiens en Luc 17.20-21 nous invite à le penser autrement :

20 Interrogé par les pharisiens pour savoir quand viendrait le règne de Dieu, il leur répondit : Le règne de Dieu ne vient pas de telle sorte qu’on puisse l’observer. 21 On ne dira même pas : « Regardez, il est ici ! », ou : « Il est là-bas ! » En effet, le règne de Dieu est au milieu de vous.”

Il n’est pas “là-bas” (TOB), ou “au-delà” ; Il est au milieu de vous. Le RDD c’est la personne même de Jésus faisant irruption de sa nouveauté au plus profond de l’existence humaine. Une nouveauté qui façonne une communauté nouvelle. Cette communauté pose des actes et des paroles par lesquels Jésus est proclamé dans le monde. Une réalité qui déborde des cadres théologiques habituels comme des cadres spatiaux-temporels. Le RRD, c’est Christ à vivre ici et maintenant et non un idéal à atteindre ou à attendre.

L’enfant biblique n’est pas roi

Je l’évoquais plus haut, le statut des enfants à l’époque de Jésus n’avait rien en commun avec celui, très protégé, de nos chers petits. Ils étaient écartés de la vie sociale et religieuse. Les enfants de l’évangile avaient sans doute plus en commun avec les petits syriens ou libanais qui travaillent dès l’âge de 10 ans, souvent incultes. D’ailleurs, le mot « enfant » dans la Bible peut désigner aussi bien l’enfant que l’esclave. On attendait de lui obéissance et soumission. Telle est la première qualité pour entrer dans le RDD : devenir humble, apprendre à s’effacer, à se soumettre, à passer après. « Heureux les simples de cœur, le Royaume des cieux est à eux » (Mat 5). Disant cela, je me demande un peu inquiet, s’il y a beaucoup d’habitants au Royaume de Dieu…

Devenir grand : ça coûte et ça rapporte !

L’une des principales qualités de l’enfance, curieusement assez peu mise en avant, c’est celle de la croissance ; un thème très présent dans les évangiles. Jésus raconte souvent des histoires de minuscules graines qui produisent des choses étonnantes. C’est pour dire que la vie telle qu’il la donne est une vie dynamique et pleine de surprises.

Même si à l’âge de vingt ans, nous cessons de croître et qu’ensuite nous nous dégradons lentement, la croissance intérieure, intellectuelle, affective et spirituelle, elle, ne cesse de se développer, comme le dit l’apôtre Paul : «Même si notre être extérieur se dégrade, notre être intérieur se renouvelle de jour en jour ». (2 Cor. 4:16).

L’évangile nous appelle ainsi à un devenir. Mais pour cela, il nous faut développer des aptitudes particulières. Peut-on croître sans se remettre en cause ? Choisir la vie chrétienne, c’est précisément faire de l’art du questionnement de soi, du monde et de Dieu, un mode de vie. C’est ainsi que le loup et l’agneau apprendront peu à peu à vivre ensemble. Si j’affirme de façon absolue que le loup doit être chassé de ma vie (le questionnement, l’inconfort, le doute…), que tout doit être blanc comme laine d’agneau (la Bible comprise comme un livre de réponses qu’il suffit de pratiquer), je ne deviens plus, je suis et reste ce que j’ai décidé d’être une fois pour toute. Je refuse de grandir et de vivre comme un enfant. Le risque de mourir loin du Royaume de Dieu devient alors très grand. Depuis quand n’ai-je pas mis la main dans le trou de l’aspic ? Apprivoisons le loup qui est en nous, il a sa place dans le RDD !

La simplicité toujours

Cette exemplarité de l’enfance pourrait sans doute être explorée sans fin. Une dernière qualité pour la route ? La simplicité. Ils possèdent cette formidable aptitude à être heureux avec peu. Sans rien posséder d’autre que la présence et l’amour de leurs parents, ils n’éprouvent aucun besoin de réussite sociale, ni de diplôme, d’indépendance économique pour exprimer leur joie de vivre. La première chose qu’ont fait les enfants d’Alep à peine le cessez-le-feu déclaré : jouer au ballon !

Voilà pourquoi les enfants sont un modèle irremplaçable pour nous. Ils nous enseignent les justes questions. Celles qui sauvent. Sans le savoir, ils fréquentent des réalités du Royaume de Dieu et nous en montrent le chemin. Alors au lieu de les faire taire ou de les rabrouer en disciples inintelligents, observons-les ! Ils tutoient le Seigneur Jésus.

Ce dernier ne s’y est pas trompé. En les voyant, son cœur s’est rempli de joie. Il les a embrassés, il les a bénis ! Amen !

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